Eudes Séméria psychologue
Psychologue - Psychothérapeute à Paris 15

Définitions & questions fréquentes

Définitions & questions fréquentes - Le harcèlement fusionnel

Sommaire

Le harcèlement fusionnel est encore largement méconnu et pourtant il concerne probablement en France plusieurs millions de personnes. D'une part tous ceux et celles qui, quotidiennement, doivent soutenir un père en détresse chronique, une mère vulnérable ou possessive, un enfant majeur incapable de mener sa vie de façon autonome, un conjoint fragile ou maladivement jaloux, un ami instable ou prisonnier d'une relation toxique... D'autre part, toutes les personnes dépendantes affectives qui, par peur de la séparation et de l'abandon, et par manque de confiance en soi, souffrent de ne vivre qu'à travers autrui.

Qu’est-ce que le « harcèlement fusionnel » ?

Une conséquence de la dépendance affective

L'adulte souffrant de dépendance affective (peur de l'abandon, de la séparation) a tendance à demander voire à exiger la proximité, le soutien et l'aide systématique de ses proches. Ce faisant, il recoure à plusieurs procédés d'agrippement (chantage affectif, appels au secours récurrents, comportements à risque, répétition des échecs, jalousie...) afin de forcer une ou plusieurs personnes de son entourage à assumer ses responsabilités (psychologiques, pratiques, administratives, financières, etc.). Il en arrive alors très souvent à opérer une sorte de harcèlement affectif qui aboutit à l'épuisement de l'entourage et de tous ceux qui lui apportent leur aide.

Un processus "d'agrippement"

Le harcèlement fusionnel se définit ainsi comme « un ensemble de comportements répétés d’agrippement, d’accaparement et de dépendance, par lesquels un adulte force une autre personne à le prendre en charge dans plusieurs domaines de la vie pratique et psychique » (1). Ce harcèlement peut se manifester sous diverses formes : possessivité, jalousie maladive, détresse affective, conduites d’échec forçant les proches à intervenir. Pour autant, on ne peut pas considérer l'adulte dépendant affectif comme un "harceleur". le mot harcèlement désigne une série d'attaques répétées avec une volonté de nuire. Or, ce qui se passe avec l'adulte dépendant, c'est qu'il se harcèle lui-même. Il a tendance à retourner contre lui-même une certaine agressivité (par exemple en se dévalorisant, en adoptant des comportements à risque, en faisant en sorte d'être en échec, etc). Or, en se harcelant lui-même, il harcèle du même coup, quoique indirectement, ceux qui essaient de l'aider et qui s'inquiètent sans cesse pour lui.

Un phénomène de co-dépendance

Les situations de harcèlement peuvent être très diverses : entre un parent et un enfant, dans le couple, entre frères et sœurs, entre amis, au travail. Dans la plupart des cas, bien que ce harcèlement semble s’opérer de la personne en dépendance affective vers les proches, il est en réalité subtilement réciproque. Il y a , d'un côté un adulte en dépendance affective clairement identifié, et de l'autre un ou plusieurs "aidants" qui cherchent à le soutenir mais dont les efforts vains ont pour résultat le découragement voire l'épuisement physique et psychique. Il n'en reste pas moins que chacun, l'adulte dépendant affectif comme celui qui l'aide, s'accroche à l'autre, souffre d'une certaine dépendance, même si l'un des deux est nettement plus dépendant que l'autre. En fin de compte, le harcèlement fusionnel émerge de la situation et apparaît davantage comme une affaire collective que comme le résultat de la volonté d'un seul.

 

 

Notes et références :

1 - Eudes Séméria, « Harcèlement fusionnel. Les ressorts cachés de la dépendance affective », Albin Michel, Paris, 2018, p.

Qu’est-ce que la « dépendance affective » ?

Dans son sens le plus général, la dépendance affective renvoie au fait de ne vivre que pour, et par l’autre, avec un besoin excessif d’être pris en charge par lui. Le besoin de contact avec les proches et l'inquiétude sur la supposée fragilité des liens sont permanents. Les critères de la personnalité dépendante, tels que définis par le DSM-V (1), classification internationale des troubles mentaux, sont les suivants :

  • grande difficulté à prendre des décisions ;
  • besoin que d’autres assument pour soi les responsabilités importantes de la vie ;
  • difficulté à dire non :
  • recherche du soutien et de l’approbation d’autrui :
  • difficulté à penser et réaliser des projets personnels :
  • peur d’être abandonné et de se retrouver seul.

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Notes et références :

1 - DSM-V, Manuel Diagnostique et diagnostique des maladies mentales, American Psychiatric Association, Elsevier-Masson, Paris, 2016. Voir aussi : trouble de la personnalité dépendante

Que veut dire « fusionnel » ?

Les expressions « dépendance affective » et « trouble de la personnalité dépendante » sont des expressions descriptives qui n’indiquent pas la cause ou l’origine de ces troubles. En revanche, le mot « fusionnel », issu de la psychologie existentielle (voir I. Yalom, Thérapie existentielle, Galaad, Paris, 1980), suggère quant à lui que la dépendance à autrui est la conséquence d’un certain "mode d’être". Ce mode d’être – dit fusionnel - consiste pour l'individu à se protéger de ses angoisses (face aux idées de mort, de solitude, de sens…) en faisant comme s'il n’était pas réellement un individu, une personne distincte des autres. Ainsi cherche-t-il à se fondre dans la masse, à fusionner avec ses proches, à effacer toute séparation, afin de dénier la plupart de ses responsabilités. L’attitude fusionnelle se caractérise essentiellement par quatre grands traits (Séméria, 2018), facilement repérables dans le trouble de la personnalité dépendante :

 

  1. Le refus de grandir (principe d’immaturité) : refus du statut de l’adulte avec rejet de son apparence physique et de ses caractéristiques comportementales, attachement aux habitudes de l’enfance, tendance à obéir à l’autorité parentale, impulsivité…
  2. Le refus de s’affirmer (principe d’effacement) : posture d’infériorité par rapport aux autres, tendance au retrait, recherche de la domination d’autrui, auto dénigrement, faiblesse de l’estime de soi, ennui…
  3. Le refus d’agir (principe de passivité) : tendance à fuir ses responsabilités et à les déléguer à autrui, grande difficulté à prendre des décisions seul et à passer à l’action, procrastination (tout remettre à plus tard), auto sabotage, rumination mentale…
  4. Le refus de se séparer (principe de dépendance) : tendance à « s’agripper » à autrui, à se l’accaparer, jalousie, refus de la séparation, recherche de la transparence avec les proches, peur des personnes étrangères au cercle des intimes, confusion des sentiments (amour/amitié), instabilité du désir et de l’orientation sexuelle…

 

A noter, donc, que la dépendance affective n'est en fait qu'une des conséquences de la personnalité fusionnelle. Parmi les autres conséquences, on note fréquemment la dépression, les attaques de panique, des troubles cognitifs (mémoire, fonctions exécutives), des difficultés scolaires avec perturbation de l'apprentissage, une tendance à l'impulsivité, une hyperactivité avec trouble de l'attention, des troubles sexuels...

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Notes et références :

lien wikipédia harcèlement fusionnel

Petites bibliographie pour en savoir plus sur la psychologie existentielle :

  • Psychologie existentielle, Allport, G., Feifel, H., Maslow, A., May, R., Rogers, C. Epi, Paris, 1971
  • Nos raisons de vivre. A l’école du sens de la vie, Frankl, V, Paris, InterEditions, 2009
  • Être vraiment soi-même, l’approche centrée sur la personne, Rogers, Eyrolles, 2012
  • Thérapie existentielle, Yalom, I., Ed. Galaad, Paris, 1980

Être « fusionnel », c’est grave ?

Une tendance « fusionnelle » conduit toujours l’individu dépendant affectif à une vie peu satisfaisante (ennui, angoisse, dépendance à autrui, difficulté à se réaliser) et, à terme, à une importante souffrance psychique. Et si certains adultes dépendants affectifs parviennent à mener une vie relativement stable, beaucoup d’autres en revanche se retrouvent dans une situation sociale inadaptée, parfois handicapante et chaotique : perte d’emploi, problèmes financiers, errance, comportements à risque, vie relationnelle perturbée, menaces de suicide, chantage affectif… Ces adultes "instables" deviennent alors une source constante de préoccupation pour les proches qui doivent consacrer une part importante de leur temps et de leur énergie à leur maintenir « la tête hors de l’eau ». Mais que l'adulte fusionnel s’avère "adapté" ou "inadapté", il lui sera toujours possible, s'il veut dépasser ses inhibitions, ses blocages et ses angoisses, de s’engager dans un travail thérapeutique. Celui-ci l'amènera à compenser son mode fusionnel par d’autres défenses psychiques plus souples, moins systématiques et plus équilibrées.

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Quelle différence entre le harcèlement fusionnel et le harcèlement moral ?

Dans une situation de harcèlement moral, une personne cherche à affaiblir, voire à détruire une autre personne. Dans la situation de harcèlement fusionnel, l’adulte dépendant affectif a, au contraire, « tendance à se dévaloriser [lui-même], à se rabaisser, à accorder systématiquement aux autres des qualités propres à les grandir et à les placer très au-dessus de sa personne. Il demande à être dominé, déresponsabilisé, infantilisé (…) » (1). Il se caractérise ainsi par des comportements d’autosabotage, de dévalorisation, voire d’autodestruction. Il faut donc retenir que dans le harcèlement fusionnel l'hostilité et la volonté de nuire sont d'abord retournées contre soi (et atteignent les proches indirectement), tandis que dans le harcèlement moral elles sont dirigées vers autrui.

Notes et références :

1 - Eudes Séméria, « Harcèlement fusionnel. Les ressorts cachés de la dépendance affective », Albin Michel, Paris, 2018, p. 

Quelles sont les conséquences du harcèlement fusionnel sur les proches ?

Dans une situation de harcèlement fusionnel, l’entourage se sent prisonniers d’une situation apparemment sans issue qui engage toutes les dimensions de son existence : individuelle, familiale, professionnelle, sociale. En outre, être harcelé par un adulte dépendant affectif provoque, à la longue, une dégradation de la santé psychique et physique :

  • anxiété;
  • inquiétude permanente au sujet du proche dépendant;
  • sentiment d’impuissance;
  • découragement;
  • épuisement psychique;
  • fatigue de compassion;
  • colère;
  • dépression.

A quoi s’ajoutent des troubles physiques tels que :

  • troubles cardio-vasculaires (palpitations, troubles du rythme, hypo et hypertension);
  • troubles gastro-intestinaux (irritations, ulcères);
  • troubles du sommeil;
  • douleurs diffuses (maux de tête, articulations, dos, muscles).

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Illustration : Le Baiser, Gustav Klimt (détail)

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